Eat Me, Drink Me — Elodie Faiderbe

Lorsque l’on entre dans Eat Me, Drink Me, on sait (ou on pressent) qu’on ne va pas lire un conte romantique ordinaire. C’est une « cannibal love story », et l’autrice ne cherche jamais à lisser les angles : ce livre est à la fois magnifique et dérangeant, poétique et crû, un pari audacieux.

Ce qui séduit profondément

1. Originalité & audace
Le concept même — une romance autour du cannibalisme — est très risqué. Mais Elodie Faiderbe parvient à le traiter avec assez de distance et de finesse pour que le lecteur ne soit pas immédiatement repoussé. C’est ce mélange d’atypique et d’obsédant qui accroche.

2. Une plume poétique & envoûtante
Beaucoup de lecteurs mettent en avant la beauté de la langue : des phrases travaillées, une musicalité, un souffle presque lyrique dans les moments sombres. On ressent que l’auteur ne cherche pas seulement à choquer, mais à faire ressentir l’horreur, le désir, la poésie de l’horreur.

3. Une tension morbide & délicieuse
Le livre joue avec la curiosité morbide du lecteur — tout en le maintenant en suspens. On avance entre fascination et répulsion, ce qui rend l’expérience littéraire presque addictive. Les personnages sont sculptés, avec des zones d’ombre prononcées, et c’est cette complexité qui les rend intrigants.

4. Une structure soignée, des détails qui parlent
C’est minutieux, parfois décalé, toujours travaillé. L’univers, les symboles, les clins d’œil (à Alice au pays des merveilles, entre autres) renforcent l’ambiance étrange et troublante du récit.

Ce qu’il faut garder en tête

• Ce n’est pas un livre pour le lecteur sans défense émotionnelle. Il aborde des thèmes très sombres (cannibalisme, violence psychologique, etc.), et certaines scènes peuvent être difficiles.
• Certains passages peuvent paraître trop abrupts ou trop « stylisés » pour le goût de tous.
• Le risque dans ce genre, c’est de glisser dans la glorification du malsain — mais ici, même si tout est dérangeant, l’auteur ne le présente jamais comme une vérité morale acceptable. On sent la tension entre fascination et mise en garde.

Mon ressenti & recommandation

Eat Me, Drink Me n’est pas une lecture légère. C’est une plongée dans le trouble, un jeu dangereux que l’on accepte de jouer parce qu’on veut voir jusqu’où l’auteur va nous mener.

Si tu aimes les lectures qui bousculent, qui flirtent avec l’interdit, qui restent énigmatiques jusqu’à la fin — bande-toi les yeux, tiens-toi à ton âme, mais plonge. C’est une œuvre à vivre plus qu’à lire.